La tournée est comprise tout entière dans la feuille Paris-Nord de la carte Michelin au 200.000e.
Le circuit mesure environ 238 km et peut être fait en deux journées:
Première journée. -- Partant de Paris dans la matinée, on sort par la porte de la Chapelle et la N 1. On traverse Saint-Denis puis, après Pierrefitte. on prend à droite la N 16 qui conduit directement à Chantilly (34 km des portes de Paris) par Écouen, Le Mesnil-Aubry et Luzarches.
Visite de la ville (voir p. 22-36). Déjeuner soit à Chantilly (hôtel-palace), soit à Senlis (bon hôtel), à 9 hm de Chantilly. L'après-midi, visiter Senlis (p. 39-67); dîner et coucher à Senlis ou à Chantilly.
Les touristes qui voudront voir en détail le Château et le Parc de Chantilly devront choisir pour leur tournée un jeudi, samedi ou dimanche (voir p. 31) et consacrer à cette visite une partie de l'après-midi.
Deuxième journée. --- Partir le matin de Senlis ou Chantilly et gagner Meaux par l'itinéraire indiqué (p. 68-75), qui mesure 65 km de Senlis à Meaux (par la route directe, il y a 37 km). Déjeuner à Meaux (bon hôtel). L'après-midi faire la tournée de l'Ourcq indiquée p. 84-118. Suivant qu'on sera plus ou moins pressé ou que la voiture sera plus ou moins rapide, on pourra faire varier la longueur de ce circuit de l'Ourcq de 53 à 92 km. Dîner soit à Meaux, soit à Paris qu'on regagne par la N 3 (38 km), traversant Claye, Villeparisis et Bondy.
Variante. --- Les touristes qui estimeront que la distance à parcourir dans la seconde journée est trop grande dans la combinaison présentée ci-dessus pourront partir de Senlis dans l'après-midi, de façon à arriver pour dîner et coucher à Meaux le premier jour. Ils visiteront Meaux le matin du deuxième jour, y déjeuneront et feront la tournée de l'Ourcq dans l'après-midi, rentrant dîner à Meaux ou à Paris.
Si l'on ne dispose pas de deux journées consécutives, on pourra faire en une journée Meaux et le circuit de l'Ourcq; prenant pour aller à Meaux la N. 34 jusqu'à Couilly par Chelles et Lagny, puis la N 36 jusqu'à Meaux et pour revenir de Meaux à Paris la N 3 par Claye, Villeparisis et Bondy. Dans une autre journée (jeudi, samedi ou dimanche), on fera Senlis- Chantilly, prenant à l'aller la N 17, de Paris à Senlis par le Bourget, Louvres, La Chapelle-en-Serval, Pontarmé, et au retour la N 16 de Chantilly par Écouen, Luzarches, Le Mesnil-Aubry, puis la N 1 par Pierrefitte et Saint-Denis.
Les cyclistes entraînés pourront faire la tournée indiquée plus haut en calculant le nombre de jours nécessaires suivant leur moyenne habituelle.
Ils pourront aussi couper l'excursion en deux parties : ils visiteront d'abord Senlis et Chantilly, soit à bicyclette, soit par chemin de fer (gare du Nord), en choisissant de préférence un jeudi ou un dimanche. Voir Senlis le matin, Chantilly l'après-midi et revenir à Paris par un train du soir.
Dans une seconde journée, ils pourront se rendre à Meaux le matin (gare de l'Est), faire tout ou partie du circuit de l'Ourcq, revenir dîner à Meaux et rentrer à Paris par un train de la soirée.
Nota important
Pour les détails concernant hôtels ou mécaniciens, se reporter à la page de garde n° 1, au verso du carton de couverture.
.
Le Grand Quartier Général de Joffre (p. 22-23), le Château, le Musée Condé, le Parc (p. 24-36).
Chantilly vient de Cantilius qui était le nom du gallo-romain installé le premier dans le pays. Forteresse au moyen âge, le Château passe au XVe siècle à la famille des Montmorency, puis, an XVIIe aux Condé. Ces deux illustres familles porteront Chantilly à un degré de splendeur qui en fera le rival des résidences royales. Le duc d'Aumale succède en 1830 au dernier des Condé et, à sa mort (1897), lègue le domaine à l'Institut de France avec le Musée Condé qu'il a installé dans le Château (voir p. 24-36).
La ville proprement dite, née au XVIIe siècle, n'a longtemps vécu que du Château. De nos jours, elle est devenue un très grand centre de dressage et de courses de chevaux. Les grandes réunions de mai, juillet et septembre attirent une foule énorme.
Les Allemands entrèrent à Chantilly le 3 septembre, venant de Creil et l'occupèrent pendant quelques jours. Le maire fut arrêté comme otage, mais n'eut pas le destin tragique du maire de Senlis. Des troupes cantonnèrent au château (voir p. 28).
Après la victoire de la-Marne, Chantilly devint le siège du Grand Quartier Général de Joffre et le resta jusqu'à la fin de 1916.
Arrivant par la route de Paris, le touriste passera sous le pont du chemin de fer, puis, 600 m. plus loin, tournera à droite et débouchera sur la Pelouse, Contournant à gauche l'hôtel du Grand Condé, il suivra le boulevard d'Aumale jusqu'à la Maison de Joffre que montre la photo ci-dessous.
|
|
|
|
Joffre l'habita jusqu'au moment où il fut nommé maréchal de France. Les centaines d'officiers et de secrétaires qu'occupe la formidable besogne incombant au généralissime travaillaient dans l'hôtel du Grand Condé à côté duquel le touriste vient de passer. Contrastant avec cette ruche bruissante, la demeure de Joffre n'était que silence et recueillement. Deux officiers d'ordonnance seulement vivaient auprès du généralissime et sa porte était rigoureusement consignée à tout visiteur non convoqué, quel qu'il fût.
Au sortir de son cabinet de travail, la forêt toute proche offrait à Joffre le délassement quotidien de la promenade. C'est grâce à la règle sévère qu'il sut ainsi imposer à son effort que le généralissime put supporter sans fléchir le poids écrasant de sa charge. On verra, néanmoins, en comparant la photo du temps de paix donnée à la p. 4 et celle de la p. 22 que ces années de guerre ont compté double.
Pendant les heures tragiques de la Marne, le Grand Quartier Général fut à Bar-sur-Aube, puis à Romilly. L'intense concentration d'esprit du général en chef le rendit muet et comme absent au milieu de ses collaborateurs qui recevaient tous ses ordres par écrit. En quelques jours, ses cheveux et sa moustache devinrent complètement blancs.
Les grands conseils de guerre des Alliés se sont tenus dans cette maison qui a compté parmi ses hôtes toutes les grandes figures de la guerre.
Les cérémonies militaires se passaient sur la pelouse. La photo ci-dessus a été prise au cours d'une revue.
Après avoir vu la maison de Joffre, on dépassera les quelques villas qui la séparent de la rue d'Aumale qu'on prendra à droite, longeant la Pelouse; on tournera à gauche dans l'avenue de Condé, puis à droite dans la rue du Connétable. En avant des Grandes Écuries, qui bordent, à droite, la rue à son extrémité, on apercevra la statue équestre du duc d'Aumale par Gérôme (1899).
Après l'église, on tournera à droite pour passer sous la porte monumentale et l'on se dirigera vers le château. Sur la pelouse, qu'on longe à droite, donne la façade principale des Grandes Écuries, chef-d'oeuvre de Jean Aubert, qui furent construites de 1719 à 1740. Elles sont visibles sur la photo ci-dessus à droite. En face, sur l'autre côté de la pelouse, se trouve une petite chapelle qui fut élevée en 1535 en même temps que six autres réparties sur le domaine de Chantilly, par le connétable Anne de Montmorency, en souvenir des sept églises de Rome qu'il avait visitées pour obtenir les indulgences attachées à ce pèlerinage. Il obtint du pape la même faveur pour les chapelles de Chantilly. Il ne subsiste que deux de ces chapelles: celle de la pelouse, Sainte-Croix, et une autre dans le parv, Saint-Paul.
La photo ci-dessus donne une vue d'ensemble du Château. Le petit château ou châtelet date du XVIe siècle, le grand château est l'oeuvre de l'architecte contemporain Daumet qui l'a édifié sur le soubassement de l'ancienne demeure rasée à la Révolution. Le château d'Enghien, élevé au XVIIIe siècle, est maintenant occupé par les conservateurs.
Dans les eaux qui entourent le château grouillent des carpes centenaires. On pourra se procurer du pain chez le concierge et en jetant quelques miettes dans le fossé qui franchit le pont d'entrée, on verra accourir les énormes poissons que montre le cliché ci-dessous.
Nous donnons dans les pages qui suivent un court historique du château, renvoyant le touriste, pour plus de détails, au passionnant ouvrage du conservateur, M. Gustave Macon : Chantilly et le Musée Condé.
Demeure de Cantilius à l'époque gallo-romaine, Chantilly est au moyen âge une forteresse appartenant aux Bouteiller, ainsi appelés des fonctions héréditaires qu'ils exerçaient à la cour des Capétiens (le "bouteiller de France", primitivement chargé des caves du roi, devint un des grands conseillers de la Couronne).
Le Château passa ensuite aux d'Orgemont qui le reconstruisirent an XIVe siècle. Au XVe siècle, Chantilly entre dans la famille des Montmorency. Vers 1528, le connétable Anne de Montmorency le fait transformer par Pierre Chambiges. L'oeuvre de Chambiges n'existe plus à Chantilly mais le touriste pourra juger de son talent lorsqu'il verra les belles façades du transept de la cathédrale de Senlis (p. 59). Le petit château ou châtelet fut construit une trentaine d'années plus tard par Jean Bullant. Dès cette époque, Chantilly est célèbre : François Ie y séjourne fréquemment; Charles-Quint déclare qu'il donnerait une de ses provinces des Pays-Bas pour avoir une pareille résidence. Henri IV demanda à son compère, le connétable Henri, de l'échanger contre n'importe lequel de ses châteaux royaux. Montmorency, fort embarrassé, se tira de ce cas délicat en répondant : "Sire, la maison est à vous, mais que j'en sois le concierge!"
Henri II de Montmorency, entraîné dans une révolte contre Richelieu, périt sur l'échafaud en 1632. Ses biens furent confisqués et Louis XIII, attiré par les chasses de Chantilly, le conserva pour son usage personnel. C'est là qu'il rédigea de sa main, le communiqué à la presse relatif à la prise de Corbie (1636): , Le roi a reçu ce matin, à 4 heures, les nouvelles de l'exécution de la capitulation de Corbie. A même temps, il est allé à l'église remercier Dieu, puis a ordonné qu'on se tint prêt sur les 2 heures pour chanter le Te Deum où la reine et tout ce qui est ici doit se trouver et a ordonné des dépêches partant pour faire rendre grâces à Dieu par toutes les églises de ce royaume... "
En 1643, la reine Anne d'Autriche voulant reconnaître les belles victoires du duc d'Enghien, le futur Grand Condé, rend Chantilly à sa mère Charlotte de Montmorency. Mariée à quinze ans cette dernière avait été obligée de quitter la France en 1609 avec son jeune mari pour échapper aux entreprises de Henri IV, toujours galant malgré ses cinquante-six ans,
La vie brillante reprend à Chantilly, interrompue en 1650 par la révolte de Condé, son exil et la confiscation du domaine qui revient à Louis XIV, jusqu'au traité des Pyrénées (1659). Le prince rentre alors dans ses biens, mais il restera longtemps éloigné des affaires publiques et se consacrera à l'embellissement de Chantilly avec la fougue et la maîtrise qu'il apportait aux opérations militaires.
En 1662, le grand architecte Le Nôtre est chargé de la transformation du parc et de la forêt. Les travaux durent jusqu'en 1684. Il en sort une uvre splendide dont une grande partie subsiste encore, mais dont les plus beaux détails, en particulier les Grandes Cascades qui s'étendaient sur l'emplacement de la ville actuelle, ont disparu à la Révolution. Nous donnons ci-dessous une vue de ces "jeux d'eau" considérés comme une des merveilles du temps.
En 1671, Louis XIV vint passer trois jours à Chantilly avec toute la cour. Des fêtes prodigieuses furent données à cette occasion. Les hôtes du Château occupaient à eux seuls soixante grandes tables; tous les villages environnants étaient remplis d'officiers et de courtisans nourris et logés aux frais du prince. Mme de Sévigné a raconté dans une de ses lettres la mort tragique du contrôleur-général Vatel, chargé de cette vaste organisation. Désespéré à l'idée que le poisson allait manquer à la table du roi, il monta dans sa chambre, appuya son épée contre la muraille et se transperça.
Tous les grands hommes du XVIIe siècle sont passés à Chantilly. Bossuet est l'ami intime du Grand Condé. Il lui présente Fénelon, La Bruyère, qui devient le précepteur du petit-fils du prince de Condé. Molière vient jouer avec sa troupe (Condé est son protecteur, et son intervention permettra l'apparition de Tartuffe). Boileau, Racine, La Fontaine sont des hôtes habituels.
Le développement de Chantilly se poursuit sous les successeurs de Condé. Le château est modifié par Mansart. Le duc de Bourbon fait construire les Grandes Écuries par Jean Aubert. Il crée la manufacture de porcelaine, disparue en 1870, dont les produits sont très recherchés de nos jours.
En 1722, Louis XV s'arrête à Chantilly en revenant de se faire sacrer à Reims. Les fêtes durèrent quatre jours : on but 60.000 bouteilles de vin et mangea 55.000 livres de viandes.
C'est le prince Louis-Joseph qui voit la Révolution. Il avait dépensé de très grosses sommes à l'embellissement de Chantilly, sans compter les 25 millions que lui coûta la construction du Palais Bourbon à Paris, siège actuel de la Chambre des Députés. Il fait élever le château d'Enghien, ainsi appelé du nom de son petit-fils, le duc d'Enghien, qui l'habita le premier. (Les mariages étaient précoces dans ces grandes familles : à la naissance du duc d'Enghien, son père avait seize ans, son grand-père trente-six.) Le duc d'Enghien mourra en 1804, fusillé dans les fossés de Vincennes.
Louis-Joseph crée le Jardin anglais et le Hameau.
En 1789, après le départ en exil du prince de Condé, les Parisiens vinrent enlever les canons du château (voir la gravure reproduite ci-dessous ; le château y apparaît tel qu'il avait été modifié par Mansart). Trente pièces prises sur l'ennemi pendant la guerre de Sept ans, qui ne servaient plus que pour les salves tirées au cours des fêtes, furent amenées en triomphe à l'Hôtel de Ville de Paris d'où La Fayette les fit diriger sur l'Arsenal. Les Grandes Cascades, la Ménagerie, l'Orangerie, le Théâtre disparurent à l'époque révolutionnaire. Du grand château il ne resta que le soubassement. La ville s'étendit aux dépens du parc.
En 1814, le prince de Condé revint à Chantilly et commença l'oeuvre de relèvement du domaine qui fut continuée par son fils. Ce dernier finira tragiquement en 1830 : on le retrouvera pendu à l'espagnolette d'une fenêtre de son château de Saint-Leu. Avec lui s'éteint la grande famille des Condé.
Par testament, il léguait Chantilly à un de ses petits-neveux : Henri d'Orléans, duc d'Aumale, cinquième fils du roi Louis-Philippe. Après s'être distingué pendant la campagne d'Algérie où il enleva la smalah d'Abd-el-Kader en 1843, le duc d'Aumale fut exilé en 1848. Il s'installa à Orléans-House, à Twickenham, près de Londres, où il resta jusqu'en 1871. C'est pendant cette période qu'il commença à rassembler les superbes collections qui enrichiront plus tard le Musée Condé. Revenu en France, il présida le tribunal chargé de juger le maréchal Bazaine. Pour loger ses collections, le duc d'Aumale fit réédifier le grand château sur les plans de l'architecte Daumet, de 1875 à 1882. Il mourut en 1897, léguant à l'Institut de France le domaine de Chantilly et le Musée Condé qu'il avait fondé.
Environ 500 Allemands séjournèrent au château pendant 24 heures. Ces troupes de réserve n'avaient pas encore combattu et n'eurent pas à combattre. Elles ne commirent pas d'excès pendant ce court séjour. La grande fermeté morale que montrèrent les conservateurs, MM Élie Berger et Macon, influa d'ailleurs beaucoup sur la conduite des soldats allemands. Les troupes furent logées dans le grand château. Les officiers s'installèrent dans les appartements du petit château.
Les conservateurs avaient envoyé à Paris les joyaux de la collection et mis à l'abri dans le soubassement du château le plus possible d'oeuvre d'art. L'officier commandant en marqua quelque humeur. Comme le montre la photo ci-dessus, de la paille fut répandue dans les salles du musée, sur laquelle couchèrent les Allemands. On aperçoit dans le fond l'émouvante Jeanne d'Arc de Chapu qui domine cette scène de désolation. Les Allemands furent très impressionnés par la copie du tombeau du duc d'Aumale qui se trouve dans le musée et où il est représenté dans le costume de général de division. C'est en faisant le salut militaire que beaucoup traversaient la pièce. Ce qui n'empêcha pas le commandant de prévenir les conservateurs que si des coups de feu étaient tirés sur ses troupes, le château serait brûlé et eux-mêmes fusillés.
Si le touriste fait la présente tournée un jour où le château est fermé ou s'il ne dispose pas du temps nécessaire à la visite, il pourra tout au moins aller jeter un coup d'il sur le coin charmant du parc où s'élève la Maison de Sylvie. Il lui suffira de prendre la sente d'Avilly (c'est le chemin qui prend à droite de la grille d'honneur) et de longer le grillage de clôture du parc. Après 5 minutes de marche, il atteindra le point d'où est prise la vue ci-dessous. Il reviendra à la grille par le même chemin.
Ce petit rendez-vous de chasse, d'abord appelé la "Maison du Parc" fut bâti en 1604 par le connétable Henri de Montmorency pour le roi Henri IV. Sylvie est le nom poétique donné par Théophile de Viau à sa protectrice Marie-Félicie Orsini qui avait épousé en 1612, à quatorze ans, Henri II de Montmorency, qui en avait seize. Le poète Théophile de Viau, poursuivi en 1623 pour la publication licencieuse du Parnasse Satirique, fut recueilli à Chantilly et logé dans la "Maison du Parc". Condamné à être brûlé vif, il ne fut exécuté qu'en effigie par suite de l'intervention des Montmorency. Dans ses Odes de la Maison de Sylvie il célébra la grâce et la bonté de la jeune duchesse
Mes vers promettent à Sylvie
Ce bruit charmeur que les neveux
Nomment une seconde vie...
L'espoir que le poète exprimait dans ces vers n'a pas été déçu et le nom de Sylvie est resté attaché à la maison et au parc qui l'entoure. Le Grand Condé reconstruisit la maison telle qu'elle est aujourd'hui (la rotonde visible sur la photo ci-dessous a été ajoutée par le duc d'Aumale).
Au XVIIIe siècle, la maison de Sylvie vit le roman de Mlle de Clermont et de Louis de Melun. Le chef des Montmorency s'opposa au mariage de Mlle de Clermont, sa soeur, avec ce gentilhomme dont le rang ne lui paraissait pas assez élevé. La jeune fille passa outre et contracta un mariage secret vite interrompu par la mort tragique de Louis de Melun, tué au cours d'une battue dans le parc de Sylvie par un cerf aux abois. Ces divers épisodes de l'histoire de la maison de Sylvie sont rappelés dans les peintures de Lue-Olivier Merson que le duc d'Aumale a fait installer lorsqu'il a aménagé en musée l'ancienne demeure.
Le CHATEAU, la MAISON DE SYLVIE, le JEU DE PAUME, les GRANDES ÉCURIES sont ouverts au public du 15 avril au 14 octobre:
1° Le dimanche, le jeudi et les jours de fêles légales, de 13 h. à 17 h., gratuitement; 2° Le samedi, aux mêmes heures, moyennant 1 franc par visiteur,
Le PARC est ouvert au public toute l'année les jeudis, dimanches et jours de fête, de 13 h. à 18 h., du 15 avril au 14 octobre, et à 16 h, les autres mois.
Le Musée Condé est du plus haut intérêt.
1 Entrée.
2 Grand Vestibule. 3 Galerie des Cerfs. 4 Galerie de Peinture. 5. Rotonde du Musée (Tour Senils). 6 Vestibule du musée. 7 Galerie du Logis. 8 Petite Galerie du Logis. 9 Vestibule du Logis. 10 La Smalah. 11 La Minerve (Tour du Connétable). 12 cabinet des Antiques. |
13 Cabinet du Giotto.
14 Salle Isabelle. 15 Salon d'Orléans. 16 Salle Caroline. 17 Cabinet Clouet. 18 Galerie de Psyché. 19 Sanctuario. 20 Cabinet des Gemmes (Tour du Trésor). 21 La Tribune. 22 L'Antichambre. 23 Salle des Gardes. 24 La Chambre. 25 Le Grand Cabinet. |
26 Salon des Singes. A Statue du Connétable. |
Nous conseillons aux touristes de prendre le guide-itinéraire vendu à l'entrée qui fournit toutes indications utiles pour le détail de la visite. Le plan de la p. 31 permettra de se diriger facilement dans le Musée. En suivant le numérotage adopté sur ce plan, on verra les diverses salles dans l'ordre où elles figurent sur le guide- itinéraire.
Les quelques photos que l'on trouvera ci-après ne peuvent donner qu'une faible idée de la richesse et de l'intérêt des collections rassemblées par le duc d'Aumale.
La vue ci-dessous montre la Galerie des Cerfs, ancienne salle à manger.
L'autre reproduit la magnifique commode marquetée et ciselée, uvre du grand ébéniste Riesener (XVIIIe) siècle, qui se trouve dans la chambre (24 du plan p. 31).
Le duc d'Aumale a rassemblé dans la pièce qu'il a appelée le SANTUARIO (n° 19 du plan de la p. 31) les perles de sa collection.
Ce sont : La VIERGE de Raphaël dite de la maison d'Orléans parce qu'elle appartint longtemps à cette famille. Ce petit panneau, peint vers 1506, fut acheté 160.000 francs en 1869. Il est reproduit ci-dessous.
Les TROIS GRACES, un autre petit panneau peint par Raphaël vers la même époque que la Vierge, acheté 625.000 francs en 1885.
ESTHER et ASSUÉRUS, panneau d'un coffre de mariage exécuté par Filippino Lippi, acheté 85.000 francs en 1892.
QUARANTE MINIATURES de Jehan Fouquet, découpées dans le livre d'Heures d'Estienne Chevalier. Cette uvre capitale de l'école française du XVe siècle fut acquise moyennant 250.000 francs en 1891.
Nous citerons encore la collection de portraits peints ou dessinés aux XVe et XVIe siècles, répartie entre la Galerie du Logis (7 du plan), le Cabinet Clouet (17 du plan) et la Galerie de Psyché (18 du plan).
Dans la Galerie de Psyché (18 du plan), on remarquera en outre les quarante-quatre vitraux du XVIe siècle, représentant la légende de Cupidon et de Psyché, et un montage de la tête de Henri IV.
Les amateurs de bijoux visiteront le Cabinet des Gemmes (20 du plan).
Dans le Salon des Singes (26 du plan), on verra l'écran peint par Huet, représentant la leçon de lecture des singes et sur les panneaux une charmante décoration du XVIIIe, siècle, attribuée au même peintre.
Dans la Galerie du Prince (27 du plan), le Grand Condé a fait peindre une suite de tableaux représentant les batailles qu'il a livrées. Dans le trophée qui contient son épée et ses pistolets se trouve également un drapeau conquis à la bataille de Rocroi en 1643. C'est le plus ancien étendard pris à l'ennemi existant en France. Au milieu de la Galerie, voir la Table du Cep de Vigne taillée d'une seule pièce pour le connétable de Montmorency dans une vigne énorme.
Dans la Chapelle moderne (31 du plan), le duc d'Aumale a fait transporter un bel autel sculpté par Jean Goujon, des boiseries et des vitraux du XVIe siècle provenant de la chapelle du château d'Écouen. Dans l'abside se trouve le cippe funéraire où sont conservés les coeurs des princes de. la maison de Condé.
Sortant du Musée, on traversera la terrasse du Connétable au milieu de laquelle se dresse la statue équestre d'Anne de Montmorency par Paul Dubois (1886). Laissant à droite le château d'Enghien, on entre sous les couverts par l'allée qui passe devant la petite chapelle Saint-Paul. Saint-Paul et Sainte-Croix, sur la pelouse, sont les seules qui subsistent des sept chapelles élevées par Anne de Montmorency (voir p. 23). Peu après, on rencontre, à gauche, la Cabotière, construction remontant à Louis XIII. Son nom vient de l'avocat Caboud, amateur passionné de culture florale qui avait installé dans l'enclos de la maison, pour le Grand Condé, un magnifique jardin de fleurs.
L'allée aboutit à la Maison de Sylvie (voir p. 30). On pourra voir à l'intérieur des peintures, des tapisseries, des meubles et de belles boiseries du XVIIe siècle qui sont placées dans la rotonde. De la maison de Sylvie, on a une très jolie vue sur l'étang et le parc (voir p. 30).
Laissant la Maison de Sylvie à droite, ou fera environ 150 mètres dans l'allée qui la longe, puis on tournera à gauche et on prendra l'allée qui conduit directement au HAMEAU (vue p. 34).
Le Hameau, qui rappelle celui du Petit Trianon de Versailles, date de 1775. A cette époque, sous l'influence de l'uvre de J.-J. Rousseau, la nature et la vie champêtre devinrent à la mode et il fut de bon ton pour les princes de jouer au paysan dans des villages en miniature. Un auteur du XVIIIe siècle décrit ainsi le Hameau de Chantilly : "Sept maisons détachées, disposées sans ordre, couvertes de chaume, s'élèvent au milieu d'un gazon toujours vert. Là est l'orme antique, ici un puits; plus loin, une palissade enveloppe un jardin planté de légumes et d'arbres fruitiers. Un moulin, dont le ruisseau fait tourner la roue; en face, une étable, une laiterie. Une maison est consacrée à la cuisine, une autre a la salle à manger dont la décoration fait une sorte de rendez-vous de chasse : on croit être au milieu d'un bois touffu, les sièges imitent des troncs d'arbres, des canapés de verdure et des groupes de fleurs naissent en pleine terre; quelques ouvertures ménagées çà et là entre les branches d'arbres laissent pénétrer la lumière. Une autre chaumière sert de salle de billard, une autre de cabinet des livres. La grange offre dans son intérieur un vaste et superbe salon..." A partir du moment où le Hameau fut créé, il n'y eut plus de grande fête à Chantilly sans un souper dans ce joli coin du parc. D'innombrables "pots de feu" illuminaient les bosquets; sur le canal, des gondoles promenaient les invités au son d'une musique langoureuse; on donnait des fêtes costumées, on chantait, dansait jusqu'à l'aube.
Le Hameau est maintenant bien déchu, il mérite néanmoins une visite.
Revenant sur ses pas, on prend à gauche, après avoir franchi le premier pont, un joli sentier qui fait déboucher sur les PARTERRES de Le Nôtre d'où l'on a une belle vue d'ensemble sur le Château (voir ci-dessous). On pourra revenir directement à la grille d'entrée en montant l'escalier qui apparaît sur la vue. On l'appelle le GRAND DEGRÉ. Il fut construit en 1682 par l'architecte Gitard. Les groupes qui ornent les soubassements de la Terrasse du Connétable de chaque côté de l'escalier ont été dessinés par Le Nôtre et sculptés par Hardy.
La promenade, depuis la sortie du Musée jusqu'au retour à la grille d'entrée, prend environ trois quarts d'heure.
Si l'on désire visiter le JARDIN ANGLAIS et le JEU DE PAUME, ce qui allonge la promenade de 40 minutes, on suivra la face nord du Château et on prendra l'allée qui s'ouvre au milieu des bosquets.
Le Jardin anglais fut exécuté de 1817 à 1819 par l'architecte Victor Dubois, sur les ordres du dernier des Condé, retour d'exil. L'emplacement qu'occupe ce jardin, de même que le terrain où s'élève la ville de Chantilly, appartenaient à l'ancien parc dévasté pendant la Révolution.
On passe près du TEMPLE DE VÉNUS qui abrite une Vénus Callipyge du XVIIe siècle, près de l'ILE D'AMOUR qui date de 1765 et sur laquelle se trouvent une statue d'Aphrodite et une d'Eros. Au XVIIIe siècle, l'Ile d'Amour contenait un luxueux pavillon dans lequel se donnaient de grandes fêtes de nuit avec illumination des canaux et du parc. Le pavillon a disparu à la Révolution.
Les anciennes CASCADES DE BEAUVAlS qu'on aperçoit avant d'arriver au Jeu de Paume sont des vestiges de l'ancien parc. Elles étaient l'oeuvre de Le Nôtre.
Le Jeu de Paume, construit en 1757, est transformé en musée. Il contient diverses curiosités, en particulier la tente d'Abd-el-Kader enlevée lors de la prise de la smalah par le duc d'Aumale, en 1843.
A partir de 15 h., on peut sortir du parc par la grille qui s'ouvre à côté du Jeu de Paume. On débouche en face des GRANDES ÉCURIES du Château à l'intérieur desquelles on pourra jeter un coup d'il. (Entrer par le côté qui regarde la Pelouse.)
Repassant sous la Porte monumentale, on traversera la rue du Connétable et on continuera tout droit en longeant sur la droite le parc du Château. On franchit le canal Saint-Jean, puis le grand canal. Après ce dernier on tournera à droite pour prendre la grand'rue de Vineuil. On a bientôt, sur la droite, une magnifique échappée sur le Château et le Parc (vue ci-dessous).
On traverse ensuite Saint-Firmin. L'église qui se trouve sur le passage, à gauche, contient dans le chur des vitraux Renaissance qui sont classés monuments historiques.
De Saint-Firmin à Senlis, la route ne présente pas de difficultés. On entre dans Senlis par la porte de Creil (voir plan encarté p. 38-39). Tourner à gauche par l'avenue Vernois el la ligne des boulevards pour rejoindre la gare, d'oit part l'itinéraire que nous décrivons plus loin dans Senlis.