La jolie route d'Étrépilly à Trocy, bien ombragée, traverse d'abord une dépression, puis monte en serpentant à flanc de coteau jusqu'au plateau sur lequel est bâti Trocy (3 km).
On tournera à gauche, en arrivant, pour entrer dans le cur du village.
Trocy ne souffrit pas du fait des attaques allemandes, il fut bombardé par l'artillerie française. En face de l'abreuvoir, à gauche de la petite église, une ferme dont la vue est donnée ci-dessous conservait encore en 1917 les traces du 75 qui avait défoncé son toit. D'autres maisons sont complètement détruites.
Les Allemands avaient concentré sur le plateau de Trocy leurs forces principales d'artillerie. Des batteries lourdes et légères étaient en position au nord et au sud du village, la plus grande partie au nord entre Manuvre, Plessis-Placy et Trocy.
La canonnade intense dirigée de cette plate-forme dominante rendit très difficile la progression des Français sur tout le centre du front.
La position fut évacuée le 9 par les Allemands, non sans pertes sérieuses d'artillerie légère, comme le montrent la photo ci-dessous et celle du haut de la page suivante.
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Le caisson abandonné sur le bord de la route que montre la photo ci-dessus à droite est un caisson d'infanterie qui contenait des cartouches de fusils et de mitrailleuses. L'artillerie française qui balayait le plateau l'atteignit au cours de la retraite.
Tournant autour de l'abreuvoir, on prendra la route qui passe sous la porte monumentale, dont la vue est donnée, ci-dessus.
Cette porte est un des principaux vestiges des fortifications qui défendaient Trocy au moyen âge.
On voit que l'importance stratégique de la position semble avoir été de tout temps appréciée à sa valeur.
Après être passé sous la porte, ou prendra 100 mètres plus loin, à gauche, la route qui descend dans une dépression sur le versant opposé de laquelle se détache la belle ferme de Beauvoir.
On rejoint cette dernière ferme par une montée en lacets et on débouche dans la route nationale (N 36). On tournera alors à droite, descendant sur Gué-à-Tresmes.
Cette petite localité a joué, vis-à-vis de l'extrême gauche allemande, le rôle que Trocy a tenu au centre. C'était une position d'artillerie lourde qui soutenait la ligne de défense avancée.
A l'entrée du village, sur le côté gauche de la route, se trouve une vaste habitation, entourée d'un parc. Elle fut occupée par les Allemands et transformée en ambulance. Pour faire place nette plus rapidement, les meubles furent jetés dehors. C'est ainsi que le billard fut retrouvé dans le parc. Un soldat amateur de plein air s'en servait comme d'abri. On distingue sur la photo ci-dessous la poissonnière qui lui servait de cuvette pour les ablutions indispensables par ces chaudes journées de septembre.
La façade qui apparaît sur la vue est celle qui regarde la route.
Un certain nombre de blessés allemands moururent à l'ambulance et furent enterrés dans le jardin; leurs effets furent abandonnés comme le montre la photo ci-dessous, lors de la retraite. Cette retraite dut prendre les occupants à l'improviste, car la table des officiers était encore servie lorsque les troupes françaises pénétrèrent dans le château.
An croisement qui se présente 300 mètres après le château, prendre à gauche, le long de la Thérouanne ; en faisant 200 m. sur ce chemin, on aura à droite, la vue de l'endroit où se trouvait un nid d'artillerie allemande. Bien dissimulées dans la cuvette que montre la vue ci-dessous plusieurs batteries lourdes, longtemps hors de portée des 75, rendirent très difficile l'avance de la droite française sur le plateau de Chambry-Barcy ainsi que la progression de la gauche de l'armée britannique et de la 81 division française sur la rive gauche de la Marne. On a déjà vu, au cours de la tournée, plusieurs exemples d'installation de batteries allemandes. Chaque fois que le terrain le permettait, les canons étaient placés dans une dépression, visibles seulement des observateurs aériens. Des lignes téléphoniques les reliaient aux postes établis sur les crêtes d'où s'effectuait le réglage du tir.
Revenant à la roule nationale, on tourne à gauche vers Varreddes. Des deux côtés de la route qui constituait leur grande voie de retraite, les Allemands avaient établi des lignes de défense : des tranchées avaient été creusées et garnies de mitrailleuses, des batteries légères étaient installées en soutien.
L'ensemble, qui se reliait aux travaux de protection de Trocy, constituait une position de repli pour la ligne Étrépilly-Varreddes vue sur le panorama "B" (p. 94). Ce fut la première étape de la retraite du 9 septembre.
Ce panorama est pris à l'intersection de la route de Meaux à Soissons (N 36) et d'un chemin qui conduit à Étrépilly, dans le champ qui surplombe la route et où des mitrailleuses allemandes étaient installées balayant de leur tir la route nationale et le fond de la cuvette.
On se rend compte aisément des raisons pour lesquelles les Allemands attachèrent une si grande importance à cette position de Varreddes.
Les pentes ouest de la cuvette (elles forment l'arrière-plan sur le panorama de gauche) étaient défilées des coups de l'artillerie française; en utilisant leur protection, les Allemands pouvaient aisément ravitailler ou relever les défenseurs qui garnissaient les crêtes, face à Chambry-Barcy, ce qui leur permit d'assurer la résistance jusqu'au moment où la marche générale de l'action les obligea à se replier.
Après avoir examiné le panorama "E", continuer de descendre sur Varreddes (12 km). Avant de franchir le canal, à droite, on pourra voir un obus de 75 resté engagé dans le mur d'une auberge dont l'enseigne est devenue "A l'obus".
On pénètre ensuite dans la grand'rue de Vurreddes.
A l'entrée du village, un certain nombre de maisons ont été éprouvées par le bombardement.
Dans la mairie, furent recueillis et soignés les blessés allemands abandonnés lors de la retraite précipitée du 9 septembre. On les aperçoit sur la vue ci-dessous.
En quittant le Village, les Allémands emmenèrent vingt otages tous très âgés, parmi lesquels le curé.
Trois purent se sauver, mais pour les autres la retraite fut, comme on va le voir, un véritable calvaire. Sept furent massacrés.
On leur fit faire le premier jour 30 km. M. Jourdain, 77 ans, M. Milliardet, 78 ans, emmené avec des chaussons aux pieds, tombèrent les premiers d'épuisement : ils furent tués à bout portant. Peu après M. Vapaille subit le même sort.
Le lendemain, M. Terré, infirme, tomba et fut tué à coups de revolver; M. Croix, M. Liévin trébuchèrent à leur tour et furent fusillés.
Tous trois avaient de 58 à 64 ans. Enfin, M. Ménil, 67 ans, à bout de forces, abandonna et eut le crâne fracassé à coups de crosse.
Les autres otages, plus résistants, parvinrent jusqu'à Chauny et furent envoyés en Allemagne par chemin de fer. Ils furent rapatriés cinq mois plus tard.
Après avoir traversé Varreddes et avant de franchir encore une fois le canal, on remarquera à gauche de la route un arbre, le 38e à partir de la sortie, qui est perforé comme à l'emportepièce par un 75.
40 mètres après le canal, à droite, on aperçoit des sentiers qui escaladent la hauteur. On suivra à pied celui de droite, jusqu'au sommet d'où est pris, le panorama ci-dessous qui donne une vue de la cuvette de Varreddes dans la direction opposée à celle du panorama "E" (p. 116).
Germigny, qu'on distingue à droite de la photo, est connu pour avoir été la résidence d'été de Bossuet. Les Allemands y avaient installé une batterie lourde qui bombarda Meaux au début de septembre. Le 8, ils repassèrent la Marne en faisant sauter le pont derrière eux. L'apparition d'une reconnaissauce française composée d'un sergent-major et de neuf hommes avait suffi à provoquer l'évacuation de la position qui, avec la rivière à dos, présentait des dangers. Ces dix braves furent tués au cours de la lutte et sont enterrés à Germigny. Le 9, la Marne fut franchie sur un pont de bateaux établi sous le feu par les pontonniers anglais dont la ténacité héroïque triompha après dix-sept essais infructueux. Les Allemands, attaqués d'autre part sur les hauteurs où se trouve le touriste, furent obligés d'évacuer rapidement la cuvette par la route de Soissons, sous le feu des batteries françaises.
Sur le faîte de la hauteur, un chemin de terre coupe, près de deux noyers isolés. le sentier par lequel on est monté. A droite ce chemin rejoint Étrépilly : il constituait la ligne de défense allemande qui fait l'objet du panorama "B" (p. 94).
Le touriste prendra à gauche entre les deux noyers et parcourra ainsi la crête qui formait la redoutable position occupant le fond de la vue de la p. 93. Des tranchées, des mitrailleuses, des batteries légères la garnissaient et les assauts lancés contre elle échouèrent jusqu'au 9 septembre. Tournant à gauche, après 1 km, à la première bifurcation qui se présente, le lecteur suivra un petit chemin qui le ramènera à la route nationale au point d'où il est parti. La promenade dure environ 30 minutes. Les deux sentiers qui viennent d'être pris à la montée et à la descente, servaient de boyaux aux Allemands pour le ravitaillement de la position. Leur arrière-garde qui lutta pied à pied y fut culbutée à la baïonnette.
On reprend la direction de Meaux. Les Allemands en retraite suivirent cette route, en sens inverse, poursuivis par les obus français.
Au point le plus élevé, on apercevra, à droite, un tronc d'arbre, décapité par le feu de l'artillerie, au haut duquel les terrassiers du camp retranché de Paris ont fixé une branche en croix: humble et touchant hommage aux braves tombés en montant à l'assaut.
Avant d'arriver à Meaux, on a une jolie vue sur la ville. On passe sous le chemin de fer, puis on prend à droite la N 3 ou rue du faubourg Saint-Nicolas, qui ramène à la Cathédrale (19 km).