NOTA IMPORTANT.
On trouvera dans les pages 4 à 14 un résumé succinct de la bataille de l'Ourcq et de ses préliminaires.
Nous recommandons aux touristes de parcourir ces onze pages, ou, tout au moins, de jeter les yeux sur les schémas qu'elles contiennent, avant d'effectuer la tournée proprement dite décrite à partir de la page 18. La compréhension bien nette de l'ensemble de l'action est indispensable pour suivre avec intérêt l'exposé des combats partiels.
Cette lecture fera saisir la raison pour laquelle la bataille livrée par l'armée de Paris est entrée dans l'histoire sous le nom de bataille de l'Ourcq. En fait, comme on le verra, la lutte s'est déroulée sensiblement dans l'ouest de la rivière et nous ne conduisons pas le touriste jusqu'à ses bords, mais c'est pour atteindre la vallée de l'Ourcq que les Français ont combattu avec tant d'héroïsme et c'est pour en défendre les approches que les Allemands ont fait preuve de tant de ténacité.
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Commandant en chef Commandant le camp retranché de Paris (Général MAUNOURY) |
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71 corps (Gén. VAUTIER) |
14, div. active (Gén.
DE VILLARET). 63e div. de rés. (Gén. LOMBARD) |
Après avoir combattu en Alsace, ont reçu le 24 août l'ordre de se transporter dans la Somme; elles prendront part à tous les combats. |
5, groupe div rés. (Gén. de LAMAZE) |
55e div. de rés. (Gén. LEGUAY)
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Après avoir combattu dans les Hauts-de-Meuse, sont arrivées le 29 août dans la Somme et prendront part à tous les combats. |
Brig. marocaine (Gén. DITTE) | Arrive d'Afrique et prendra part à tous les combats. | |
45e div. algérienne | (Gén. DRUDE) | Débarquée d'Afrique, entre en action le 8 septembre. |
4e corps (Gén. BLLE) |
7e div. active (Gén. DE
TRENTINIAN) 8e div. active (Gén. DE LARTIGUE). |
Quittent la troisième armée le 2 septembre, passent le 5 aux ordres du général Maunoury et n'entrent en action une le 7. |
6e groupe div. rés. (Gén. EBENER) |
61e div. de rés. (Gén.
DEPREZ) 62e div. de rés. (Gén. GANEVAL). |
Ont été très éprouvées autour de Cambrai et ont été envoyées se reformer dans le camp retranché de Paris. Elles n'entreront en action que le 7 et la 62e division, qui a particulièrement souffert, ne prendra part qu'à la poursuite. |
Cavalerie | 1er corps (Gén. SORDET)
Brigade GILLET |
La cavalerie, très éprouvée pendant la retraite de Cbarleroi, jouera un faible rôle dans l'action. |
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Commandant en chef du corps expéditionnaire |
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(Lieutenant-général Sir DOUGLAS HAIG) (Général Sir HORACE SMITH DORRIEN) (Lieutenant-général PULTENEY) (Général ALLENBY) |
Viennent de faire, depuis le 24 août, toute la retraite de Charleroi à l'aile marchante en combattant continuellement contre des forces très supérieures. |
IVe corps de réserve IIe --- actif IVe --- actif 2e division de cavalerie 9e --- --- 1re --- --- de la garde. |
C'est là une partie de l'armée Klück , qui, par son mouvement débordant, a contraint à une retraite rapide depuis la Sambre l'aile gauche franco-anglaise. |
La manuvre offensive française, qu'on a appelée la bataille de Charleroi, ayant échoué le 22-24 août, le général Joffre rompt résolument le combat et, dans son ordre du 25 août, prescrit la retraite générale jusqu'au moment où, le regroupement des forces françaises étant terminé et une occasion propice se présentant, il sera possible d'arrêter, puis de refouler les armées allemandes. Le plan du généralissime est le suivant : constituer à sa gauche une masse importante qui tentera de déborder la droite allemande pendant que, sur le reste du front, il y aura attaque générale ou tout au moins résistance à outrance. Le 27 août, la 6e armée, chargée de la manoeuvre débordante, est constituée comme on l'a vu p. 4 et 5 et mise sous le commandement du général Maunoury. Elle est formée dans la Somme au moyen de troupes prélevées sur les armées de l'Est, transportées à pied d'uvre par un jeu savant de chemins de fer qui commence dès le 24 août.
A la date du 1er septembre, la 6e armée occupe la ligne Bresles, Clermont, Sacy-le-Grand, Verberie. La 4e division anglaise la prolonge sur la droite.
Les Allemands, maîtres de Compiègne, attaquent les Anglais sur la ligne Verberie-Néry qui cède. Maunoury ordonne alors la continuation de la retraite. Mais il faut que les colonnes qui vont s'écouler vers le sud ne soient pas attaquées de flanc. La 56e division, la brigade marocaine et une division de cavalerie reçoivent l'ordre de couvrir la trouée Senlis-Creil-Chantilly pendant le temps nécessaire.
La brigade marocaine prend sa position de couverture sur la ligne Pont-Sainte-Maxence, Mont-l'Évêque. La 111e brigade de la 56e division est en soutien à Chamant et la 112, en réserve à l'ouest de Senlis; la cavalerie est en avant des Marocains.
Dans la journée, les Allemands, refoulant la cavalerie française et la 4e division anglaise, atteignent Roberval, Rully; la ligne franco-anglaise passe par Pont-Sainte-Maxence, Mont-l'Évèque, Montépilloy, Fresnoy.
La mission confiée à la 56e division est la suivante : jusqu'à midi elle devra se maintenir sur les positions de la veille, face à l'est, afin de protéger la ligne Creil-Chantilly; de midi à 6 heures du soir, elle devra empêcher les Allemands de déboucher de Senlis vers le sud.
Dans la matinée, la lutte est très vive entre les batteries françaises, placées sur les hauteurs au nord-est de Senlis, et les batteries du IVe corps allemand. Vers 10 heures, la position dominante de Montépilloy est évacuée par les Anglais. Les Allemands en prennent immédiatement possession et y installent des batteries d'obusiers dont le tir, réglé par les avions, gêne considérablement les artilleurs français.
A partir de 11 heures, le mouvement de repli des troupes de couverture commence sous le feu de l'ennemi qui les suit jusque dans Senlis et auquel rispostent jusqu'au dernier moment les batteries françaises dont plusieurs sont fortement éprouvées. Pendant ce temps, la 112e brigade prend possession de la ligne de défense qui a été hâtivement aménagée au sud de Senlis. Cette position comprend deux lignes de tranchées creusées de part et d'autre de la route nationale; elle est soutenue par deux sections de mitrailleuses et par un groupe d'artillerie qui, installé au nord-ouest de Mont-l''Évêque, contrebat les obusiers allemands de Montépilloy.
A 4 heures, les derniers échelons qui sortent de Senlis en combattant sont suivis à très courte distance par les avant-gardes allemandes sur lesquelles se déclenche aussitôt la fusillade.
Les Allemands se retirent précipitamment, et on lira plus loin, lors de la description des incendies et des exécutions de Senlis, comment ils se vengèrent de cette résistance inattendue.
Une heure et demie après, une attaque est prononcée contre le 361e qui tient les lignes de tranchées. Les Allemands sortent de Senlis en poussant devant eux un groupe de civils. Les troupes françaises cessent de tirer lorsqu'elles entendent les cris déchirants de ces otages, mais plusieurs sont déjà tués ou blessés. Le combat dure environ une demi-heure; devant une contre-attaque du 350e d'infanterie qui était placé en réserve dans la forêt de Pontarmé, les Allemands rentrent dans Senlis et la 112e brigade, ayant accompli sa mission de couverture, se retire du front Senlis-Borest.
Au soir, la 6e armée occupe la ligne Méru., Neuilly-en-Thelle, Mortefontaine
La 61 armée continue son mouvement de retraite en obliquant vers le sud-est, afin d'assurer la défense du secteur nord-est du camp retranché de Paris, sous le commandement supérieur du général Gallieni, lui-même mis sous les ordres du général Joffre. La collaboration active de ces deux grands chefs sera un des facteurs importants de la victoire de la Marne.
Après des marches longues et pénibles, sous une chaleur accablante, la 61 armée occupe la ligne Iverny, Dammartin-en-Goële, Le Mesnil-Aubry.
Dans la journée, Gallieni a fait afficher la proclamation célèbre
Armée de Paris, Habitants de Paris,
Les membres du Gouvernement de la République ont quitté Paris pour donner une impulsion nouvelle à la défense nationale.
J'ai reçu le mandat de défendre Paris contre l'envahisseur. Ce mandat, je le remplirai jusqu'au bout.
L'angoisse qui étreint tous les Français depuis que l'avance foudroyante de l'armée Klück est connue est arrivée à son comble. Paris va-t-il tomber?
La tentation dut être forte pour le grand état-major allemand de pousser droit vers la ville tant convoitée, mais la menace de l'armée franco-anglaise subsistait encore et la décision prise fut de détruire d'abord les forces alliées, avant de se rabattre sur Paris qui serait alors cueilli comme un fruit mûr.
Le IIe corps et le IVe corps actifs sont dirigés vers le sud-est et traversent l'Ourcq à Lizy et Mareuil, à la poursuite de l'armée anglaise. Le IVe corps de réserve a atteint la ligne Luzarches-Mortefontaine et, ses patrouilles avancées seront observées près d'Écouen, à 13 kilomètres des portes de Paris! Mais il faut s'arracher à la fascination de la capitale et le IV, corps oblique à son tour vers l'est pour protéger le flanc de l'armée Klück.
On épiloguera pendant de longues années sur le point de savoir si l'état-major allemand eut tort ou raison d'abandonner ainsi la marche directe sur Paris. En tout état de cause, von Klück ne s'attendait certainement pas à une attaque aussi violente de l'armée de Paris : "Il n'y avait qu'un. général, a-t-il déclaré, qui pût accepter, contre toutes les règles, de porter le combat aussi loin en avant de ses défenses; pour mon malheur, ce fut Gallieni."
Dès cette journée du 3 en effet, la conversion de la droite allemande a été reconnue par Gallieni qui l'a immédiatement signalée à Joffre en lui proposant d'exécuter une attaque de flanc.
Dans la journée du 4, Joffre, après avoir communiqué avec Gallieni, estime que les circonstances sont favorables à la reprise de l'offensive et décide de livrer la bataille générale qui devra commencer le 6.
Ses instructions prescrivent que, le 5 au soir, toutes les forces disponibles de la 6e armée devront être, entre Lizy-sur-Ourcq et May-en-Multien, prêtes à franchir l'Ourcq sur les derrières de l'armée Klück.
Le 4, l'armée prend ses dipositions de combat; le 5, elle s'efforce de gagner la position assignée; il s'ensuit une prise de contact très vive avec le IVe corps de réserve. Après de violents combats pour la possession de Monthyon et Penchard, le groupe Lamaze passe la nuit sur la ligne Montgé-Iverny-Charny. Le 7e corps prend position sur la gauche et n'a que quelques engagements d'avant-garde vers Saint-Soupplets ; mais sa menace de flanc contraint le IVe corps à évacuer dans la nuit la ligne Monthyon-Penchard.
L'armée anglaise, d'après les instructions du généralissime, doit occuper le 5 au soir une ligne nord-sud allant de Changis (est de Meaux) à Coulommiers, prête à attaquer dans la direction de l'est, afin de prendre de flanc les forces allemandes. Mais les troupes du maréchal French très éprouvées par la dure retraite qui leur a fait parcourir, depuis le 24 août, tout en combattant, 40 à 50 kilomètres par jour, opèrent assez lentement leur volteface et n'arrivent le soir qu'à la ligne Vaudoy-Pézarches-Hautefeuille-Grand Morin.
Ainsi, ni la 6e armée, ni l'armée anglaise ne réussissent à occuper les positions prévues pour le début de l'attaque générale, ce qui rendra beaucoup plus difficile la réussite du mouvement enveloppant.
Le but particulier de cette journée est, du côté français, l'attaque de front et le débordement par sa droite du IVe corps de réserve allemand.
La droite française (groupe de Lamaze) s'empare, dès le point du jour, de Saint-Soupplets et de Monthyon; à 9 heures, elle atteint le front de Chambry-Barcy-Oissery; mais, à l'aile gauche qui doit effectuer le mouvement débordant, le 71 corps rencontre près d'Étavigny une partie du IIe corps actif allemand qui s'est décroché de l'armée anglaise et qui est arrivé, à marches forcées, au secours du IVe corps de réserve.
C'est le début de l'habile manoeuvre de von Klück; il s'est aperçu du danger que fait courir à son armée l'attaque de flanc de Maunoury et va profiter de l'état de fatigue de l'armée anglaise pour jeter toutes ses forces sur la 6e armée, l'arrêter et éviter ainsi un désastre.
En fin de journée, les Français occupent la ligne Chambry-Marcilly-Puisieux-Acy-en-Multien.
L'armée anglaise a continué à se redresser et atteint la ligne Crécy-en-Brie- Coulommiers- Choisy-en-Brie.
C'est le 6 qu'arriva à l'armée la proclamation historique de Joffre
"Au moment où s'engage une bataille dont dépend le salut du Pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière. Tous les efforts doivent être employés à attaquer et repousser l'ennemi. Toute troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne petit être tolérée."
Dès le matin, la lutte reprend, mais les Français commencent à sentir les effets de l'artillerie lourde allemande établie entre Varreddes et May-en-Multien, hors de portée des 75, et leurs progrès en sont ralentis. A leur droite., les combats se déroulent autour de Marcilly, Barcy, Chambry; à leur gauche, le 7, corps, prolongé vers Villers-Saint-Genest par la 61e division de réserve que Gallieni vient d'envoyer en renfort, a pris pied sur le plateau d'Étavigny; il se joint dans Puisieux au groupe de Lamaze.
La 8e division du 4e corps, sur la demande de French qui craint pour sa liaison avec la 6e armée, est engagée contre les Allemands qui occupent les bois de Meaux, au sud de la Marne.
En fin de journée, les Français peuvent encore espérer le débordement de la droite allemande si celle-ci ne reçoit pas de nouveaux renforts. Mais le IVe corps actif allemand, échappant à son tour à l'armée anglaise, repasse la Marne et renforce les il deux corps déjà engagés. il va essayer à son tour de déborder la gauche de la 6e armée.
Von Klück, pour masquer le départ des IIe et IVe corps, a déployé devant l'armée anglaise ses trois divisions de cavalerie appuyées d'artillerie et de détachements d'infanterie. Cette arrière-garde luttera avec opiniâtreté afin de permettre aux trois corps allemands de l'Ourcq d'enfoncer si possible la 6e armée avant que l'avance anglaise ne devienne un facteur décisif de retraite.
Les Anglais occupent au soir la ligne Maisoncelles-Coulommiers-Choisy-en-Brie.
Le 7, la 7e division débarque à Paris: il faut qu'elle soit rendue dans la nuit à la gauche de Maunoury. Au grand étonnement des Parisiens, tous les taxis-autos sortent des garages et prennent la direction de la banlieue est. Les agents arrêtent au vol ceux qui sont en course, et les clients, abandonnés sur place, applaudissent lorsqu'ils connaissent la raison de leur mésaventure. 600 voitures font ainsi deux fois dans la nuit, au compteur, le voyage de Nanteuil, avec cinq hommes dans chaque taxi. "Une idée de civil" comme l'a qualifiée Gallieni. Le reste de la division utilise le chemin de fer, l'artillerie suit la route.
Cette 7e division prend place entre la 61e division et le 7e corps, mais l'arrivée du IVe corps actif allemand, échappé du front anglais, neutralise et au delà l'effet de ce renfort. Sur tout le front la lutte est acharnée : au centre, le 7e corps et en particulier la 63e division de réserve combattent avec une fermeté inébranlable autour d'Acy; à la droite, le groupe Lamaze prononce de violentes attaques, avec la 45e division arrivée d'Afrique, contre la ligne Étrépilly-Varreddes, mais n'obtient que des succès partiels.
Dans l'après-midi du même jour, l'armée anglaise, refoulant les arrière-gardes allemandes après de vifs combats à La Trétoire et à Signy-Signets, franchit le Petit Morin et gagne le front Ferté-sous-Jouarre, Viels-Maisons. La 8e division du 4e corps français atteint les environs de Trilport.
Un officier allemand écrit le 8 dans son carnet:
"Le colonel-général von Klück a inspecté les avant-postes. Je l'ai aperçu. Ses yeux si brillants d'ordinaire sont ternes. Lui, si énergique dans toute son attitude, parle d'une voix molle. Il est tout à fait abattu..."
Cette journée marque le point culminant de la bataille de l'Ourcq. Sous la pression de la droite française et l'avance menaçante de l'armée anglaise, les Allemands sont obligés de se retirer de la ligne Étrépilly-Varreddes; au centre, dans l'après-midi, l'artillerie du plateau de Trocy est évacuée vers le nord. Pour faciliter cette retraite, von Klück fait violemment contre-attaquer, par le IV, corps actif débouchant de Betz, la gauche française qui plie sous le choc. Nanteuil-le-Haudouin et Villers-Saint-Genest sont perdus.
Maunoury rappelle alors la 8e division de sa position au sud de la Marne et Gallieni lui expédie en renfort la 62e division. Néanmoins la situation reste critique et la gauche de la 61 armée est en grand danger d'être tournée et enfoncée. L'état de fatigue des troupes est extrême : des ordres sont demandés pour une retraite éventuelle sur Paris. Mais Maunoury n'en veut pas admettre la possibilité et, fidèle aux instructions du généralissime, ordonne de "se faire tuer sur place".
La nuit se passe dans l'angoisse; elle se termine par un coup de théâtre. Le lendemain matin, en effet, les Français s'aperçoivent que les Allemands ont abandonné leurs positions et battent précipitamment en retraite vers le nord-est.
Les progrès de l'armée anglaise qui a franchi la Marne le 9 entre Luzancy et Nogent-l'Artaud et qui, dans la nuit, passera la rivière à la Ferté-sous-Jouarre, la résistance acharnée opposée par l'armée Maunoury, ont motivé la décision de von Klück. Il est en effet menacé d'être pris dans une tenaille.
La victoire reste donc à la 6e armée. Elle n'a pu réussir, par suite de l'habile manoeuvre du général allemand, le mouvement d'enveloppement envisagé par Joffre et Gallieni, mouvement qui eût amené la déroute allemande, mais son opiniâtreté et son esprit de sacrifice ont finalement contraint von Klück à une retraite hâtive dont l'effet va se faire sentir par échelons sur tout le reste du front. Paris et la France sont sauvés.
Le 10, est lu aux troupes le bel ordre du jour de Maunoury :
"La 6e armée vient de soutenir pendant cinq jours entiers, sans aucune interruption ni accalmie, la lutte contre un adversaire nombreux et dont le succès avait jusqu'à présent exalté le moral. La lutte a été dure ; les pertes par le feu, les fatigues dues à la privation du sommeil et parfois de nourriture ont dépassé tout ce que l'on pouvait imaginer. Vous avez tout supporté avec une vaillance, une fermeté et une endurance que les mots sont impuissants à glorifier comme elles le méritent.
"Camarades, le général en chef nous a demandé, au nom de la Patrie, de faire plus que notre devoir, vous avez répondu à son appel au delà même de ce qui paraissait possible. Grâce à vous, la victoire est venue couronner nos drapeaux. Maintenant que vous en connaissez la glorieuse satisfaction, vous ne la laisserez plus s'échapper.
"Quant à moi, si j'ai fait quelque bien, j'en ai été récompensé par le plus grand honneur qui m'ait été décerné dans ma longue carrière : celui d'avoir commandé des hommes tels que vous... "
Du 10 au 13 septembre l'armée anglaise et la 6e année talonnent l'armée allemande en retraite jusqu'au moment où celle-ci fait tête sur des positions organisées à l'avance. Le schéma ci-dessus montre le chemin parcouru pendant ces journées de la Marne qui resteront une des plus grandes dates de l'histoire du monde.
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Ct. LA 45e DIV. |
Ct. LA 14e DIV. |
Pour l'étude détaillée de la bataille de l'Ourcq, voir les pages du général Bonnal dans La Renaissance du 4 septembre 1915.
Le lecteur qui aura feuilleté les pages précédentes possédera sur la bataille de l'Ourcq des notions que nous avons cherché à rendre claires et précises.
Mais il ne faut pas perdre de vue que ces combats, quelle qu'en soit l'importance, n'ont occupé qu'une fraction de l'immense ligne de feu qui se développait jusqu'à Verdun et dont tous les éléments étaient solidaires.
Pour la plus grande commodité des touristes, nous avons été amenés à scinder en trois parties cette prodigieuse bataille de la Marne et à décrire chacune d'elles en un volume qui sera utilisé pendant les deux journées d'automobile nécessaires à la visite de chaque théâtre partiel d'opérations.
Le lecteur a dans les mains le premier volume où il a vu la droite de l'armée Klück contrainte à la retraite sous l'effort combiné de Maunoury et de French.
Le second volume, Les Marais de Saint-Gond, montre le recul se propageant d'une extrémité à l'autre du front de l'armée Klück. La droite de l'armée voisine (Bülow) se trouve découverte; elle ne peut résister aux fougueuses attaques de Franchet d'Esperey et rompt; sa gauche, qui devient de ce fait vulnérable de flanc, cède à son tour et entraîne l'armée Hausen qui la prolonge. Bülow et Hausen renoncent donc à l'espoir de défoncer le centre français. Une percée réalisée, au début de la bataille, à cet endroit où commandait Foch, eût rendu stérile l'effort de Gallieni sur l'Ourcq, mais l'énergie farouche de Foch a finalement triomphé des assauts allemands.
Dans le troisième volume, La Trouée de Revigny, on voit comment la vague de reflux atteint de proche en proche les armées d'Albrecht von Württemberg et du kronprinz après que tous leurs efforts se sont brisés contre la résistance opiniâtre de Langle de Cary et de Sarrail.
Ainsi se trouve esquissée la physionomie de la bataille de la Marne gagnée par ces mêmes soldats qui viennent de subir l'échec de la bataille des frontières et d'effectuer, "hallucinés de fatigue", une retraite sans précédent dans l'histoire, atteignant en dix jours deux cents kilomètres de profondeur, La fermeté d'âme dû généralissime, le plan clair et judicieux qu'il a arrêté et qui a été exécuté dans une étroite collaboration par des chefs d'armée d'une haute valeur, par-dessus tout l'héroïsme surhumain des troupes, tels sont les facteurs de ce qu'on a appelé le Miracle de la Marne.
La tournée dont le lecteur trouvera ci-dessous l'indication schématique embrasse le terrain sur lequel se décida, en septembre 1914, le sort de Paris.
Au cours de l'excursion, le touriste revivra le moment pathétique où les Allemands, arrivés jusqu'à portée de canon de la capitale, eurent à décider s'ils continueraient leur marche foudroyante sur Paris, ou s'ils essayeraient auparavant de mettre l'armée franco-anglaise hors de combat; il reconstituera ensuite la lutte tragique qui, pendant cinq jours, affronta Gallieni, Maunoury et von Klück.
Les paysages traversés ont la variété de ceux de 1'Ile-de-France : des grandes forêts du Valois, le touriste passera aux fertiles plateaux de la Brie, coupés de jolies vallées. Il connaîtra Chantilly, la ville du grand Condé, devenue quartier général du général Joffre; Senlis, un bijou de la vieille France qui faillit subir le sort de Louvain; Meaux, sa cathédrale, ses vieux moulins et les ruines laissées par la guerre dans les villages qui l'entourent.
C'est là le pèlerinage de guerre que devront faire tous les Parisiens et tous les touristes qui, de passage à Paris, pourront disposer d'une ou deux journées.